Pour bien jouer du Djembé, il est évidemment indispensable de bien maîtriser les trois frappes de base :
Ce n'est qu'à cette condition que l'on pourra prétendre faire plus que "tapoter", et que le résultat sonore obtenu aura des chances de ne pas "passer pour de la soupe". En musique africaine, en effet, les motifs rythmiques doivent être clairs, nets, précis, d'autant plus qu'ils sont censés se superposer, s'imbriquer les uns dans les autres pour former des polyrythmies quelquefois très complexes. Tant que les frappes seront approximatives, les sensations éprouvées tant par le(s) musicien(s) que par un éventuel public ne seront guère porteuses d'énergie... Quel bonheur en revanche de savourer une chauffe à la Famoudou Konaté, où les toniques et les claqués sont si contrastés que l'on pourrait penser que ce n'est pas la même personne qui les joue (sans parler des surclaqués où l'on entend chanter les "harmoniques" de la peau de chèvre...).
Il ne faut pas se cacher la vérité : il y a un long travail pour passer de la frappe vaguement indéterminée du débutant au claqué qui donne le sourire... mais à coeur vaillant rien d'impossible, alors lisez les quelques lignes qui suivent et bon courage!
Contrairement aux deux autres frappes de base, la basse est jouée dans la région centrale de la peau du Djembé - ce qui ne signifie pas forcément exactement au centre - avec la totalité de la face intérieure de la main.
Le Djembé ne doit pas être posé à plat par terre : son pied doit être ouvert pour permettre à l'air de circuler.
L'avant-bras est rectiligne du coude à l'extrémité des doigts. Le coude n'est pas collé au corps, mais légèrement écarté, sans tension ni effort musculaire particuliers.
Le bras se prépare, coude vers le bas et main en l'air, puis la main tombe sur la peau, bien à plat, et rebondit immédiatement pour lui permettre de vibrer.
La basse est peut-être la plus facile des frappes du Djembé, néanmoins il y a quelques défauts à éviter:
Voici la représentation de la vibration de l'air correspondant à la basse de mon Djembé:
La crête de grande amplitude, tout à gauche, correspond à l'attaque. Juste après s'installe, dans le fût du Djembé, un régime d'ondes stationnaires dont l'amplitude décroit (amortissement) jusqu'à disparaître, au bout d'environ 600 ms. On obtient un son pratiquement pur (excepté au début bien sûr), de hauteur bien déterminée (ici, 75 Hz), correspondant à la vibration de la "colonne d'air" contenue dans le Djembé. Le son est beaucoup plus grave que l'on pourrait s'y attendre étant donnée la longueur de l'instrument (ici environ 64 cm). Ce phénomène est dû à la forme intérieure du Djembé, qui est notablement plus étroit au niveau du pied qu'au niveau de la peau (voir l'ouvrage "La Théorie du Son" de Lord Rayleigh). La quasi-absence d'harmoniques dans ce son est, quant à elle, due à la complexité de la forme intérieure de l'instrument (resserrement d'abord progressif, puis plus brutal, et enfin évasement jusqu'au "pied" du Djembé).
Ces deux sons correspondent à des frappes sur la partie périphérique de la peau. C'est cette dernière qui est mise en vibration, et non pas, comme pour la basse, la colonne d'air du Djembé. Bien que la tonique et le claqué soient joués au même endroit, certaines différences dans la façon de frapper permettent d'obtenir (avec pas mal de travail) deux sonorités très contrastées : il s'agit, pour le claqué, de faire ressortir le maximum d'aigus, alors que pour la tonique on cherchera plutôt à les éliminer au profit des fréquences propres les plus graves de la peau. Voyons d'abord les points communs
Voyons maintenant les différences :
Voici les représentations de la vibration de l'air correspondant respectivement à la tonique (à gauche) et au claqué (à droite) de mon Djembé:
On peut constater que la puissance de l'attaque des deux frappes est similaire. Le claqué résonne un peu plus longtemps que la tonique, mais tous deux durent entre 150 et 200 ms, c'est à dire nettement moins longtemps que la basse ! Il faut se rendre compte que la tonique et le claqué sont composés grosso modo des mêmes "harmoniques", fréquences propres de la peau, mais dans des proportions très différentes : la composante principale de la tonique se situe généralement aux alentours des 350 à 400 Hz (ici 387 Hz), alors que pour le claqué, cette fréquence devient "minoritaire", au profit de fréquences plus aiguës de l'ordre de 550 Hz (fréquence prépondérante dans un bon claqué d'amateur), 800 à 1000 Hz et plus (fréquences prépondérantes dans un bon claqué de pro, sensiblement une octave au-dessus de la tonique) , ce qui en fait la frappe la plus "riche" (sans nuance péjorative pour la tonique, ni pour la basse !).
De nombreux percussionnistes "occidentaux" ont confondu, pour des raison de similitude de vocabulaire, le claqué ouvert du Djembé avec le claqué fermé utilisé dans la technique des Congas. Ce dernier n'a rien à voir avec la technique traditionnelle du Djembé (même si le soliste peut à l'occasion l'utiliser pour varier les sonorités...). Je pense que cette confusion devait être signalée, même brièvement, voilà, c'est fait!